Voici la critique globale de la mini série.
Scénariste : David Hine.
Dessinateur : Jorge Lucas.
Coloriste : Tom Chu.
Couvertures : Chris Bachalo.
Une nouvelle mini série est apparue en septembre sur Colossus, un des membres les moins utilisés de la seconde génération des X-Men avec le Hurleur. Piotr Nikoalevitch Rasputin, alias Peter Raspoutine, alias Colossus donc, est un mutant russe qui peut transformer son corps en métal et a eu à peu près toutes les merdes qui pouvaient arriver à un homme (perte de sa famille, de Kitty, passage chez les mauvais) avant de se sacrifier pour sauver le monde du Virus Legacy. Joss Whedon l'a ramené dans Astonishing X-Men et David Hine s'est donc chargé de cette mini série que j'ai critiquée chaque mois et dont je vais donner un avis plus global ici.
Tout d'abord, intéressons-nous aux auteurs de la mini série.
David Hine est un scénariste Marvel qui monte. D'abord chargé de District-X, la série mutante axée sur le quartier mutant de New York avec l'ex X-Man Bishop comme inspecteur de police, il a su trouver des critiques plaisantes malgré assez peu de lecteurs, au final. Mais Marvel lui a finalement donné la mini Colossus : Bloodline et l'a chargé de Son of M et de The 198, deux mini basées sur Decimation, l'après House of M. En clair, un scénariste qui monte.
Jorge Lucas, lui, a dessiné quelques épisodes de Mystique, la série de Brian K. Vaughan, de Inhumans, de Iron Man et de The Incredible Hulk avant de se voir confier cette mini série.
L'histoire de Colossus : Bloodline est assez simpliste, et je me permets de la résumer dans ces quelques lignes. La famille de Colossus est décimée parce que Sinister, le tueur, veut qu'il ne reste qu'un Raspoutine, qui sont les descendants de Gregory Rasputin le fameux russe conseiller du Tsar, pour que son vieil ami Gregory revienne à la vie. Il retrouve donc Mikhail, frère de Peter, et un combat se fera entre les deux frères, avant que l'aîné retrouve la raison et combatte avec l'X-Man Sinister. Ceci fait, Mikhail décidera de se sacrifier pour que Sinister ne tue pas Colossus pour que Rasputin revienne. Mikhail se téléporte donc là où on ne pourra le retrouver, et Peter rentre à Westchester. Voila.
Ainsi dis, cela peut paraître simpliste et un peu facile. J'avoue que la résolution de l'intrigue m'a un peu déçue, surtout que Hine avait très, très bien commencé son série.
En fait, selon moi, la série s'articule en trois phases : les deux premiers épisodes qui présentent l'histoire sous un point de vue historique avec des allusions à la situation actuelle de la Russie, Colossus étant plus une sorte d'enquêteur calme qui recherche la vérité que le X-Man que l'on connaît. Il y a ensuite où les liens Sinister/Rasputin/Colossus sont expliqués par Sinister, un énorme flash back donc. Et les deux derniers épisodes avec le combat fratricide et la téléportation que j'ai trouvée inutile, et donc selon moi le moins bon passage de l'histoire.
La première phase présente donc un Colossus étrange, troublé par des rêves bizarres et des démons intérieurs qui le poussent à peindre un auto portrait démoniaque. Il doit rejoindre sa cousine en Russie, et Hine en profite pour nous montrer l'état de la Russie, avec le danger pour les journalistes, certains résistants, etc...Un point de vue intéressant et bien trouvé. C'est véritablement un passage intéressant qui promettait beaucoup, surtout que le lien Rasputin/Raspoutine saute aux yeux maintenant, mais c'est quand même bien qu'un scénariste ose enfin le faire.
La deuxième phase, troisième épisode donc, explique en fait au lecteur ce que vient foutre Sinister là et étoffent un peu le passé de l'univers Marvel, ce que j'aime bien. Voir que Sinister a pu s'allier avec Rasputin est, en fait, logique si on connaît un peu le personnage d'Essex et la légende de l'autre, mais le dire c'est bien, je trouve. L'épisode est un immense flash back, une sorte de pause informatrice donc...Jusque là, la mini m'a énormément plu.
Mais c'est à partir des deux derniers épisodes que le bât blesse pour moi. On tombe vite dans le pur comics de super héros, ou de X-Men, avec une téléportation, un combat fratricide déjà vu malheureusement trop de fois, un changement pour Mikhail avec une cause un peu "bof", si je puis dire ("ma grand mère a pas tuée l'assassin de son homme, son frère, donc je peux pas tuer Peter !"). J'ai trouvé aussi que Sinister avait perdu de sa superbe : où est passé le grand manipulateur ? Où est passé le scientifique fou, calme et flippant ? On retrouve un personnage qui s'énerve vite, crie, court, fuit...ce n'est pas vraiment ainsi que je vois Essex, même si il perd ses pouvoirs.
En clair, la mini série était, pour moi, une très, très bonne surprise jusqu'à l'épisode 3, en fait. On avait plus une histoire historico-mystique, un peu à la Indiana Jones, l'humour et Harrison Ford en moins. Peter était présenté comme un homme troublé, plus sûr de lui et de ses pouvoirs, qui cherche quand même à sauver sa famille malgré cela. On s'attachait à lui et on était surprit qu'il pouvait être ainsi, mais la suite est trop rapidement dans le classique, ce qui est dommage.
Côtés dessins, par contre, c'est parfait. Jorge Lucas, que je connaissais peu, réussit une très belle oeuvre, fondant parfaitement la Russie dans ses planches sombres et désespérées, comme un peu le scénario au début. Les personnages sont réalistes et beaux, et j'ai particulièrement aimé les passages de flash back sur la vie d'Essex, qui avaient vraiment une grande classe.
Seul le passage sur la téléportation n'est pas vraiment beau. Peut-être Lucas n'a-t-il pas aimé cela et l'a-t-il rendu ainsi pour le montrer...je ne sais pas. C'est dommage, encore une fois, car sinon il aurait rendu un travail parfait.
Hine a donc tenté de faire une mini série sur un personnage peu connu des X-Men, enfin peu exploité, pardon. Globalement, l'histoire est agréable à lire, mais ne change rien. Tout est pareil ou presque au début et à la fin de la mini : Peter n'a toujours plus de famille, il doute, Mikhail a disparu encore et Sinister se cache. Rien n'a été changé donc, et on peut se demander l'utilité d'une telle mini série.
Sur la continuité, il n'est pas utile de la suivre. Je doute que Whedon l'utilise sur Asto', mais on ne sait jamais...De toutes façons, Hine ne change pas grand chose et établit juste des vérités implicites sur la famille Raspoutine. Il reste donc, au final, une mini, je le redis, agréable à lire, qui ne casse rien mais qui fait globalement passé un bon moment.
Malgré tout, un sentiment de déception reste quand même à la relecture du tout...Les trois premiers épisodes promettaient quelque chose de différent et de neuf sur le personnage, et finalement les lecteurs n'ont eu que du gros classique...dommage, très dommage. Ca avait quand même du potentiel.